Bienvenue dans la classe de madame Catherine. Votre professeure de troisième année sait que le monde dans lequel vivent ses élèves est irrémédiablement violent et dangereux. C’est pourquoi, en cette dernière journée d’école, elle vous a préparé une leçon d’une importance capitale. Votre survie en dépend... mais les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu.
Dans cette mise en scène de Jon Lachlan Stewart, madame Catherine vous plonge dans sa propre paranoïa, passant du profilage racial à l’obsession sécuritaire, avec en arrière-plan, la crainte viscérale d’une tuerie de masse, et le besoin de s’en prémunir par tous les moyens. Mais derrière toute paranoïa se cache une indicible vérité. Madame Catherine est une comédie noire d’une inquiétante étrangeté sur un monde en dérive, un monologue abordant notre rapport aux armes à feu, où le tragique nous guette et plane au-dessus de la tête de tous les petits adultes en devenir.
Traumatisée par la tuerie perpétrée à Sandy Hook en 2012 et préoccupée par la sécurité de l’école qu’elle juge inadéquate, une enseignante du primaire décide de préparer les élèves de son groupe à l’éventualité d’une fusillade.
Le public prend place dans un espace qui fait office de salle de classe. Directement interpelés tout au long de la pièce, les spectateurs assistent à une leçon de survie qu’ils ne sont pas près d’oublier… Professeure compétente et imaginative, Madame Catherine adopte de multiples stratégies pour susciter l’intérêt de ses élèves : marionnettes, masques, chanson, jeux participatifs, dessins, elle déploie tous les moyens possibles pour les sensibiliser au danger qui les guette.
Tantôt douce et aimante, tantôt lucide et menaçante, Madame Catherine, en proie à son obsession, s’enfonce de plus en plus dans la paranoïa et sombre dans l’excès. Dans le rôle de cet être complexe, paradoxal et perturbé, Alice Pascual, seule en scène, est absolument magistrale.
Avec la gravité du sujet, l’état psychologique fragile du personnage et les procédés ludiques employés tout au long de la leçon, Madame Catherine prépare sa classe de troisième à l’irrémédiable navigue entre le comique et le tragique, entre la candeur de l’enfance et la rudesse du monde actuel et entraîne dans des montagnes russes d’émotions. De cette œuvre choc, évocation explicite et troublante du discours soutenu par certains dirigeants politiques, surgit une réflexion lucide et nécessaire sur les dérives de la peur. Et le public, face à ses propres angoisses, s’y confronte avec un rire tantôt franc tantôt grinçant.